Le Ciel de Nantes
Christophe Honoré
2021

Odéon - Théâtre de l’Europe

Un cinéma abandonné. Les fauteuils ont disparu, la moquette a été arrachée. Un groupe de personnes s’est installé là. Elles semblent vivre dans ce lieu comme dans un abri. Elles s’adressent directement à nous, elles sont décidées à nous raconter un film. Elles le racontent dans le détail, elles s’efforcent d’être le plus exact possible, le plus proche du montage, des choix de mise en scène. Elles rejouent certaines scènes, certaines musiques. Le film en question s’intitule « Le Ciel de Nantes ». C’est un film imaginaire, un film sur ma famille que je ne me suis jamais décidé à tourner. Les personnages présents sur le plateau sont ma grand-mère, mes tantes, mes oncles, ma mère et moi. Ils ont un avis sur ce film fantôme. Il semble que leur vérité ne soit pas la mienne.

Un cinéma abandonné. Les fauteuils ont disparu, la moquette a été arrachée. Un groupe de personnes s’est installé là. Elles semblent vivre dans ce lieu comme dans un abri. Elles s’adressent directement à nous, elles sont décidées à nous raconter un film. Elles le racontent dans le détail, elles s’efforcent d’être le plus exact possible, le plus proche du montage, des choix de mise en scène. Elles rejouent certaines scènes, certaines musiques. Le film en question s’intitule « Le Ciel de Nantes ». C’est un film imaginaire, un film sur ma famille que je ne me suis jamais décidé à tourner. Les personnages présents sur le plateau sont ma grand-mère, mes tantes, mes oncles, ma mère et moi. Ils ont un avis sur ce film fantôme. Il semble que leur vérité ne soit pas la mienne.

Générique

Extrait

« On voit une rue, c’est une ville française puisque nous sommes capables de reconnaitre les enseignes des marques familières, et il y a des passants dont les silhouettes nous disent quelque chose, comme des couleurs qui appartiendraient à aujourd’hui et dont nous devinons le sens sans le définir vraiment ; les jambes et les bras nus, les voitures et leurs formes, tout s’approche de nous et disparait, terre connue, un pan de lumière rose, un pot de roses sur un balcon, la terre sèche et le tronc d’un arbuste figé contre son tuteur en bois d’acacia. Nous entendons le trafic, bus qui freine, porte déclenchée, cour d’immeuble, de l’eau déversée par terre, ça tape sur un mur, des voix épanouies de fin d’après-midi, conversations minuscules. Oui, nous sommes en France et c’est récent. Et nous confirmant l’idée qu’il fait chaud, les cris perçants des Martinets qui s’élargissent, s’éparpillent et s’éloignent dans une combinaison compliquée. Un fond d’air. On voit le ciel maintenant, on ne voit plus que ça. Bleu, doux et marial. Une étendue qui décrète son silence. Un répit. L’azur et le soleil, vieille tendresse, une image commune qui pourtant préserve son étrangeté. Son attrait spectaculaire. Et là, un objet vient de chuter. Nous l’avons à peine vu. Puis un second, et derrière lui, plusieurs encore. Enrobés d’une capsule métallique qu’une lumière chaude brille. Ce sont des bombes qui tombent. Des dizaines de bombes, des centaines. Sur terre, les rues en noir et blanc, archivées. Les bombes s’explosent au contact d’un trottoir, d’une statue, d’un abri-bus. Le seize septembre 1943, les Alliés bombardèrent la ville de Nantes. La place de Bretagne, la place du Commerce, la rue Crébillon, la place Royale, la place de Bouffay, aussi l’Hôtel Dieu. » 

Le ciel de Nantes
©JeanLouisFernandez

Partenaires

Dates reportées
La création est reportée à l’automne 2021, aux Célestins, Théâtre de Lyon. Le spectacle sera présenté en tournée toute la saison 2021-2022, et notamment au Théâtre de l’Odéon (Paris) en mars 2022.

Production
Théâtre Vidy-Lausanne & Comité dans Paris

Coproduction
Odéon – Théâtre de l’Europe – Célestins, Théâtre de Lyon – Comédie, Centre dramatique national de Reims – TANDEM, Scène nationale – Le Grand T, théâtre de Loire-Atlantique – La Filature, Scène nationale, Mulhouse – Bonlieu, Scène nationale Annecy – TAP, Théâtre et Auditorium de Poitiers – La Coursive, Scène Nationale de La Rochelle – Scène nationale d’Albi – Théâtre National de Bretagne – Rennes

Ce spectacle est soutenu par le projet PEPS dans le cadre du programme Européen de coopération territoriale Interreg V France-Suisse.

Avec le soutien de la Région Ile-de-France

Le Comité dans Paris est conventionné par la DRAC Ile-de-France-Ministère de la Culture (2020-2022).

Photographies
Jean-Louis Fernandez

Presse

“Et c’est un moment comme Christophe Honoré sait en offrir, porté par une grâce, un art du

romanesque, une légèreté magnifiques. Rien ne pèse ni ne plombe sous ce ciel de Nantes pourtant

chargé de tragédies familiales et sociales. Le cinéaste et metteur en scène y raconte l’histoire de sa

famille maternelle avec le sens subtil d’un Proust d’aujourd’hui, pour qui le cinéma et le théâtre, en

dialogue constant, joueraient le rôle occupé par la littérature chez l’auteur de ‘la recherche’. Tout

passé, dès qu’on le raconte, est toujours composé et toute tentative de retrouver le temps perdu,

toujours vouée à l’échec. Mais on peut toujours examiner la trace, ce qui hante le présent, ce que le

passé a fait de soi. Alors Christophe Honoré se met en scène lui-même, dans la peau d’un bel acteur,

Youssouf Abi Ayad, et convoque ses fantômes, dans l’espace bien vivant et concret du théâtre.”

-Fabienne Darge, Le monde, 11.11.2021

 

“Comme il avait déjà su le prouver, le metteur en scène n’a pas son pareil pour instaurer une ambiance

où la légèreté du geste le dispute à la gravité des mots, où l’élégance visuelle s’entremêle avec la

résurgence des fantômes, jusqu’à accéder à une grâce scénique, évanescente à souhait. D’autant que,

plutôt que de remuer le couteau dans la plaie, le metteur en scène cherche à unir et réunir cette

famille, au lieu de perpétuer voire d’amplifier ses divisions. Façon, pour lui, de faire surgir l’amour

au-delà des fêlures et des rancoeurs.”

-Vincent Bouquet, SceneWeb.fr, 11.11.2021

 

“Elle n’est pas triste la famille Puig, nom de jeune fille de la mère du metteur en scène. Elle est même

plutôt déjantée. Elle en a des secrets, des cadavres dans le placard. Rien d’extravagant, bien sûr, mais

des anecdotes salées. Comme on dit, il y a du dossier, de la matière à fiction. Croquant avec tendresse

oncles, tantes, grand-mère, grand-père et mère, Christophe Honoré immerge le spectateur au plus

près de ces personnages tour à tour truculents, complaisants, pétulants, fragiles et terriblement

humains. Il ébauche des trajectoires de vie qui se fracassent au quotidien, à la maladie, à la mort, à des

existences déchirées.”

-Olivier Frégaville-Gratian d’Amore, L’oeil d’Olivier, 11.11.2021